
Une journée pour les parents solos/monos, c’est oui ?
Actualités, Blogue
Bien qu’elle ne soit pas encore reconnue officiellement, des organisations réclament une journée officielle pour reconnaitre les parents soloparentaux (solos) et les parents monoparentaux («monos»).
Solo vs mono : quelles différences ?
Les parents solos, ce sont ces personnes qui ont choisi d’avoir seules un enfant, sans coparent. Les parents monos, ce sont ceux qui se sont retrouvés seuls sans que ce soit le plan de départ : séparation, décès, etc. Les seconds partagent souvent, quoique pas toujours, la garde des enfants. Les parents solos ont la garde à temps plein.
Pourquoi une journée pour les parents solo/mono ?
Les parents qui élèvent seuls leurs enfants, que ce soit à temps partiel ou à temps plein, font face à des défis spécifiques. Leurs capacités d’organisation et d’adaptation sont souvent incroyables et méritent d’être célébrées ! Il faut aussi souligner que la qualité et la disponibilité de leur entourage ou des ressources pouvant leur venir en aide peuvent faire toute la différence dans leur quotidien. Finalement, on les entend peu nous raconter ce que c’est, concrètement, que d’être un parent dans leur situation, alors que, pourtant, iels sont en grand nombre au Québec !
La Coalition dans tout ça ?
On a choisi de recueillir les témoignages des parents LGBTQ+ qui nous suivent sur les réseaux sociaux et qui voulaient bien les partager avec nous… et avec vous ! Voici donc quatre témoignages de parents solos ou mono et queers :
« Je suis une femme lesbienne de 48 ans avec deux enfants de 19 ans et 15 ans. J’ai fait mon coming out à 33 ans. J’ai finalement eu le courage de m’accepter pour qui je suis et mes enfants ont été incroyables. J’ai tellement eu peur du rejet mais c’est bien le contraire. Ils sont fiers de moi et de qui je suis aujourd’hui. En 2023, j’ai décidé de m’impliquer au sein du GRIS Montréal et à chaque intervention, je parle de notre dynamique familiale pour démystifier les préjugés entourant les orientations sexuelles. Me raconter, ça permet aux autres jeunes de voir que nous sommes une famille comme les autres familles hétérosexuelles. Nous devons continuer à nous raconter pour tenter de diminuer la haine qui entoure notre communauté » — Témoignage 1
« C’est si dur quand tout a l’air infranchissable, irrémédiable, figé sur le moment où l’enfant hurle, où je me sens épuisé•e, que ma seule envie est de m’enfouir sous la couette où je ne suis pas assez souvent et où je ne peux même pas aller à ce moment précis, qu’il n’y a pas de relai, que je répète cinquante fois les mêmes choses… et à la fois c’est si beau quand tout s’efface avec l’enfant qui me saute au cou en disant «je t’aime» et quand je me rends compte de la belle complicité qu’on a et du lien d’amour au-delà de tout. Et là, il faut que je me dise que les difficultés passent. Ça passe. Et m’accrocher à l’amour et à la chance que j’ai d’avoir une relation magique avec mon enfant. » — Témoignage 2
« Si c’était pas de la famille choisie que je me suis construite, je serais pas un aussi bon parent. Ma famille de sang est détruite par ma mère qui n’accepte pas ma transidentité, mais j’ai encore quelques contacts avec certains membres.
La joie de voir mes partenaires interagir avec mes enfants qui leur font confiance!
Le soulagement de me sentir épaulé par elleux dans le quotidien — sans habiter avec ni un ni l’autre de mes partenaires.
Le sentiment d’être souvent impuissant face à ce que je peux offrir à mes enfants vue ma situation financière précaire.
Mais la joie de les voir heureuses sans bon sens n’a pas de prix. » — Témoignage 3
« Ce sont des petites mains qui jouent dans ma barbe qui m’indiquent que le jour est levé. Impossible de se réveiller de mauvaise humeur quand on tourne son visage encore fatigué pour voir le sourire de son bébé déjà prêt à commencer la journée!
Ma fille est un ange, elle mange avec appétit ses céréales avant de jouer tranquillement avec ses jouets, pendant que baba travaille. Mais ne travaille pas trop, baba, parce que bébé ne connaît rien aux responsabilités, aux comptes à payer, au stress lié à l’emploi, à l’avenir toujours incertain. Bébé veut sortir dehors se promener!
Hop, on prend le traîneau! On parcourt inlassablement les mêmes rues, découvrant notre nouveau quartier, la petite crainte au cœur que des voisins pourraient nous juger. Après tout, baba est visiblement queer et ne compte pas cacher son identité, son manteau rouge, son chapeau champignon et ses pyjamas colorés même à l’extérieur, clashant avec le quartier sympathique, mais plutôt monochrome, et très peu diversifié. On salue les voisins, on montre nos plus beaux sourires, on se rappelle en permanence qu’on représente toute notre communauté, et que toute notre communauté nous représente ; et dans un contexte sociopolitique avec la montée de l’extrême droite, il y a toujours de la crainte et de la peur cachées sous le sourire de baba.
Mais bébé ne sait rien de tout cela ! Bébé regarde avec curiosité la neige, les voitures, bébé sourit aux voisins, simplement heureux de découvrir la vie, se sentant en confiance et en sécurité, prêt à explorer un monde sans limite. Son sourire est contagieux, mais c’est déjà l’heure de rentrer.
En après-midi, bébé est fatigué, mais bébé est capricieux, et c’est dans le porte-bébé que se fera la sieste ! Pour baba, pas de repos. C’est le moment de faire le lavage, la cuisine, la vaisselle, mais aussi de défaire les boîtes, monter les meubles, installer tout ce qu’il faut après le déménagement. Les taches s’accumulent et les progrès sont lents, pourtant baba ne chôme pas ! « Tu devrais rester debout jusqu’à 2h du matin pour tout terminer« , lui dit-on. Baba s’ennuie un peu de son cercle d’amis dans son ancienne ville. Au moins, ils pouvaient sortir déjeuner et, l’espace de quelques heures, parler de tout ce qu’il a sur le cœur, de sa fatigue, des dernières réussites de bébé, de sa grande fierté qui grandit et de tout le bonheur de voir le petit amour de sa vie s’épanouir un peu plus chaque jour.
Après le bain du soir, bébé est déjà au lit, bien content de pouvoir lire quelques histoires avec baba. Baba a souvent les larmes aux yeux en lui lisant des histoires ; il y a peu de livres qui représentent notre famille, mais les rares que nous avons trouvés en français sont précieux. Bébé s’endort bien et baba ne peut s’empêcher de penser à demain. Le travail qui doit continuer. Les comptes qu’il faut payer. Manque-t-il des articles pour bien s’occuper de bébé ? Ah oui, le prochain rendez-vous n’a toujours pas été pris. Et si bébé avait des ennuis à l’école à cause de ses origines? Et si… et si… et si… Baba n’aura pas le temps de rêver bien longtemps, bébé se réveillera encore quelques fois cette nuit pour demander un peu de lait ou de réconfort.
Et bientôt, c’est des petites mains qui jouent dans ma barbe qui m’indiquent que le jour est levé. Impossible de se réveiller de mauvaise humeur quand on tourne son visage encore fatigué pour voir le sourire de son bébé déjà prêt à commencer la journée! Et qu’on sent son cœur tellement rempli d’un amour qui ne cesse de grandir, d’un amour qui nous donne la certitude qu’on n’a aucun regret, qu’on est exactement là où on doit être, avec la seule personne qui compte.
Avec tout mon amour, mon bébé. Baba t’aime fort, fort, fort. » — Témoignage 4